26 – Le nord de la Basse Californie, Mexique

Du 17 au 25 novembre

Nous venons d’obtenir le passeport d’Emma. Il reste maintenant 1 jour avant que n’expire le visa de Damien aux USA. Nous sommes prêts, enfin nous l’espérons. Cela fait 2 jours qu’Irina a une sorte de mal au ventre, sensations identiques à celles étant étudiante avant des examens. On nous a tellement mis en garde sur le Mexique ! “Les Mexicains n’ont aucun principe, les cartels kidnappent, tuent au hasard, etc.” . On nous a même dit que nous étions irresponsables d’y aller avec les enfants. Heureusement que nous nous informons aussi auprès de ceux qui sont déjà allés au Mexique, mais le stress est tout de même très fort. 

Durant les quelques jours avant de traverser la frontière, nous avons essayé de minimiser les risques en préparant ce qui pouvait l’être :

  1. Nous avons imprimé le drapeau roumain puis l’avons collé à l’avant de Johnny RV, bien visible. Nous pensons que nous serons plus en sécurité en tant que roumain qu’en tant qu’américains (à cause du véhicule), de Canadiens (la plaque d’immatriculation) ou de Français (les passeports). 
  2. Nous avons annulé notre assurance camping-car qui ne couvre que le Canada et les Etats-Unis. Puis, nous avons pris une assurance spécifique pour le Mexique. En cherchant la moins chère, nous avons découvert qu’au Mexique, il est possible de prendre une assurance “kidnapping”… Cela donne la chair de poule !
  3. Nous avons acheté un porte-monnaie, un troisième. Au cas où nous serions arrêtés par les autorités (la police ou les militaires), nous utiliserions ce porte-monnaie de secours qui contient un peu d’argent et quelques cartes expirées. Cela évite de se faire racketter des sommes trop importantes.
  4. Nous avons bien expliqué aux enfants qu’il faut nous tenir la main tout le temps au Mexique. Nous ne roulerons jamais la nuit, nous ne sortirons pas à pieds la nuit, il ne faut pas boire de l’eau de robinet ni manger des légumes crus au restaurant, etc.
  5. Nous avons retiré des dollars en cas d’imprévus.
  6. Nous avons acheté une bombe au poivre pour nous protéger des possibles attaques, et un avertisseur sonore de bateau. On ne sait jamais !
  7. Nous nous informons sur les formalités douanières. Comme nous voulons aller sur le continent après la Basse Californie, nous devons demander un “TIP”, une autorisation temporaire d’importer notre véhicule au Mexique. Cela nous permettra d’obtenir un joli autocollant que nous mettrons sur le pare-brise pour bien nous identifier comme touriste.

Le 16 novembre, avant de nous coucher, nous nous demandons si “les autres” n’ont pas raison, pourquoi faisons-nous cela, pourquoi nous compliquons-nous la vie ? Mais nous allons essayer, quand même. Nous, les parents, dormons très mal. C’est l’anxiété. Les enfants dorment bien, même si ils ont beaucoup de questions avant de se coucher. Ils ont entendu toutes les mises en garde que nous avons reçu ces derniers mois.

Le 17 novembre nous nous ”réveillons” à 6 heures du matin. Nous vidons le frigo de tous les fruits et légumes pour éviter toutes difficultés avec les autorités frontalières. Maintenant les vélos… Ils frottaient souvent à l’arrière, quand les routes américaines étaient vallonnées, ils nous ralentissent. En plus, nous ne nous séparerons plus après la frontière, à quoi bon avoir 3 vélos ! C’est décidé, nous les abandonnons dans le camping : nous serons plus mobiles, si tant est qu’on puisse l’être avec un véhicule de 6 tonnes… Nous ne réveillons pas les enfants et nous partons pour la frontière.

La frontière

Les États-Unis et le Mexique sont séparés par une frontière terrestre qui s’étend sur 3.140 km entre l’océan Pacifique et le golfe du Mexique. Le passage de frontière le plus proche de nous est Tijuana, mais nous avons trop peur : 1/ des migrants honduriens car ils sont arrivés à Tijuana la veille, et 2/ des cartels car la zone frontalière mexicaine a très mauvaise réputation. Nous avons donc décidé d’aller un peu à l’est et de traverser la frontière à Tecate.

Nous y sommes à 8h30 du matin. Nous avions lu qu’il y a une douanière très gentille à la frontière. Nous sommes chanceux car c’est elle qui s’occupe de nous ! Elle vérifie rapidement les papiers et la voiture et nous laisse entrer. Nous aurions pu garder nos fruits et nos légumes avec un contrôle si rapide… 

Maintenant que nous sommes au Mexique, nous pourrions continuer notre route et traverser ainsi toute la Basse Californie. Mais nous n’avons pas nos visas ! Nous garons la voiture juste après la douane. Damien ferme bien Johnny RV à clé avec Irina et les enfants à l’intérieur. Il retourne à la douane pour demander les visas mexicains pour toute la famille. 20 min plus tard, il rentre victorieux. Maintenant, c’est Irina qui va seule à la douane pour faire le TIP. Tout se passe parfaitement. Maintenant Damien retourne côté USA pour déclarer son départ du sol américain, mais malgré son insistance, les douaniers ne veulent pas le laisser entrer dans le bâtiment. Nous finissons donc toutes les formalités assez rapidement. A 10 heures 30, nous sommes en voiture et prêts pour commencer notre périple mexicain. Avant de démarrer, nous nous regardons dans les yeux, Irina et Damien, et nous disons : “Allez courage ! Tout va bien pour l’instant !” C’est vrai, nous avons peur ! Nous fermons Johnny RV à clé et nous partons.

Tecate a l’air d’être très pauvre. Nous sortons le plus rapidement possible de la zone frontalière. Nous n’osons même pas sortir le téléphone pour prendre quelques photos de la ville.

Nous avons prévu de passer quelques jours en Basse Californie (ou Baja California), la péninsule au sud de la Californie. Certaines des plus belles plages du Mexique se trouvent en Basse-Californie. Cette région offre également un paysage désertique spectaculaire et une faune variée, notamment les baleines grises et les requins-baleines. 

La carte avec nos destinations en Basse Californie Nord.

Malgré la pauvreté visible dans cette région, la route est assez bonne. En tout cas, cette route est de meilleure qualité que les autoroutes de Los Angeles. Notre première visite est à Ensenada à deux heures au sud de Tecate. Ensenada est une petite ville connue pour ses pêcheurs, ses surfeurs et ses plongeurs. Il est difficile de trouver une place de parking au centre-ville à cause d’un rallye automobile. Nous allons vers la cathédrale “Nuestra Senōra de Guadalupe” et trois têtes sculptées de héros de la nation mexicaine. Nous finissons par parler à un policier qui nous laisse prendre une route interdite pour nous garer dans le parking du centre communautaire, au cœur de la ville. Ce fut la première expérience agréable au Mexique.

Nous faisons une petite promenade dans le port. Nous avons toujours un peu peur et nous tenons bien les mains des enfants. La promenade est très agréable et nous n’avons aucun problème. 

Nous reprenons la route pour aller à un camping, juste après Ensenada. En route, nous nous arrêtons à Walmart pour remplir le réfrigérateur. Le camping est très joli, nous nous sentons en sécurité. Au premier coup d’œil, nous avons l’impression qu’il est très bien équipé, mais en réalité tout y est très vieux et vétuste. L’espace de jeu est assez rouillé, mais les enfants y passent un super moment !

Après Ensenada, nous allons à Bufadora, qui est connu pour sa fente dans la roche qui produit un jet d’écume de mer, surtout lorsque les vagues grossissent avec le vent. Bufadora consiste surtout en de petits magasins pour touristes, qui vendent des ponchos, des tacos et autres pinas coladas.

Après cette petite balade à Bufadora, nous continuons notre route vers le camping “La Cueva del Pirata” à Colonet. Nous y rencontrons Célia, David et leurs 3 enfants, qui font un voyage du Canada au Mexique.

Le lendemain nous partons vers Bahia de Los Angeles. La route est magnifique. Nous arrêtons ici et là pour prendre quelques photos avec le téléphone. Nous reconnaissons l’arbre Joshua et nous découvrons d’autres espèces de cactus.


Le cactus géant mexicain : 

C’est lors d’un de ces arrêts que nous rencontrons Claire et David et leurs 3 enfants. Nous allons sur la même plage, à Grinda, une sorte de Vama Veche mexicain. Le lendemain, Célia et Bastien nous rejoignent. C’est super d’avoir la chance de passer quelques jours avec des amis. Les enfants sont ravis, car ils ont des copains avec qui ils peuvent jouer toute la journée. Bien sûr, ils ne font pas de CNED ! 🙂

Pendant une belle promenade sur la plage, Damien trouve sur la plage les têtes d’un requin marteau et d’un requin blanc.

Bahia de Los Angeles est un endroit pur, tranquille, vierge, peu exploité par l’homme. Il est réputé pour sa pêche sportive, ses balades en kayak ou sa plongée avec les requins-baleines dans les nombreuses îles autour de la baie. Donc les journées sont rythmées par du kayak, du bateau pour voir les requins-baleines, et simplement un peu de farniente sur la plage.

Damien, David et sa fille, Léa, ont nagé avec les requins-baleines. Grosse peur lorsque Damien voit un aileron géant de forme inconnue quelques mètres derrière lui, puis Irina qui crie du bateau “Attention, il arrive vers toi !!!!”. Damien nage le plus rapidement possible pour s’éloigner du danger (c’est ambitieux de vouloir nager plus vite qu’un requin, mais quand on n’a pas le choix…), et se fait finalement frôler par un requin-baleine de 10 mètres. Quelle frayeur ! L’aileron était en fait une nageoire pectorale lorsque le requin-baleine a fait une manœuvre à la surface, le coquin… C’est une expérience inoubliable, tant pour les nageurs que pour les spectateurs depuis le bateau !

Le soleil de mer:

Tous les soirs nous mangeons du poisson péché le jour même dans la baie.

C’est dans cette baie que nous mangeons pour la première fois de la salade dans un restaurant. Claire et David, tous les 2 docteurs, mangent des produits locaux. Il faut apparemment risquer un peu si nous souhaitons que nos organismes s’habituent. Et heureusement personne ne tombera malade ! 

Suite aux “mini-vacances” à Bahia de Los Angeles, nous allons à Guerrero Negro, la ville la plus au sud de Baja California Nord. Guerrero Negro, le “guerrier noir”, doit son nom à un navire baleinier qui sillonnait la lagune près de la ville au milieu du XIXe siècle. La lagune est le principal lieu de reproduction des baleines grises. Malheureusement, ce n’est pas encore la saison, nous ne pouvons donc pas en voir. Nous espérons toutefois les voir plus tard au cours de notre voyage. Guerrero Negro est également connu pour être la plus grande exploitation de sel marin au monde. Selon les environnementalistes, cette exploitation pourrait menacer l’avenir à long terme des baleines grises. 7 millions de tonnes de sel y sont produites par an.

Demain nous passons en Basse Californie du Sud. Nous sommes maintenant un peu plus rassurés quant à notre sécurité au Mexique, même si les points de contrôle militaire sont fréquents et nous font stressé à chaque fois. L’armée et la police sont également souvent sur les routes.

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